Gard. Assassinat à Vauvert : la piste d’un violent différend avec des chasseurs
Près de quatre mois après l’assassinat de Frédéric Bezin, 36 ans, devant sa propriété de Vauvert, dans le Gard, les gendarmes suivent la piste d’un contentieux avec des chasseurs.

Près de quatre mois après l‘assassinat de Frédéric Bezin, un père de famille de 36 ans (marié, deux enfants) devant sa propriété gardoise de Vauvert, les gendarmes travaillent la piste d’un contentieux avec un chasseur. Pour l’heure, le mystère reste entier.
26 octobre 2021, 7h15, hameau de Gallician, commune de Vauvert, en Petite Camargue. Un matin comme les autres pour Frédéric Bezin, un fabricant et vendeur de clôtures en bois pour les prés et les parcelles de chevaux, qui rejoint sa petite entreprise pour une nouvelle journée de travail. Le négociant en bois, cavalier à ses heures, quitte la propriété familiale comprenant un haras, L’Ecurie du Monarque, et il est en train de refermer le portail, quand un coup de feu claque. Frédéric Bezin n’a pas le temps de comprendre, il s’écroule, tué d’une cartouche dans la tête. Son père inquiet de cette détonation accourt et découvre le drame.

Guet-apens
L’enquête établit rapidement que l’artisan est tombé dans un guet-apens tendu par un tireur posté à quelques dizaines de mètres à peine de l’entrée de la propriété, dissimulé probablement derrière un arbre ou une petite haie. Il est venu à pied et, son forfait accompli, a ensuite regagné un véhicule garé non loin de là. Il n’y a eu aucun témoin direct et les voisins les plus proches n’ont rien vu, ni rien entendu.
Pour les gendarmes de la section de recherches de Nîmes et de la brigade de recherches de la compagnie de Vauvert, il ne fait aucun doute : l’assassin est venu régler des comptes après avoir discrètement épié les habitudes de Frédéric Bezin et choisi l’heure propice pour l’abattre froidement. À 7h15, la portion de route du hameau isolé de Gallician qui longe la propriété du trentenaire est très peu fréquentée.
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Incendies criminels
Depuis près de quatre mois, la famille de cet artisan modèle et travailleur qui ne comptait pas ses heures, ses amis et les enquêteurs sont taraudés par cette question : pourquoi ? Et qui avait une haine féroce au point de venir abattre ce trentenaire ? Les gendarmes découvrent que Frédéric Bezin avait des ennemis et établissent un lien avec des actes de vandalisme. Quelques mois avant son exécution, la victime avait déposé des plaintes contre X, après des incendies volontaires rapprochés : d’abord, dix tonnes de paille pour nourrir ses chevaux, puis, une petite pelle mécanique et sa remorque et enfin un camion-benne. Des feux criminels nocturnes.
À l’époque, à son père et aux gendarmes, Frédéric Bezin livre un détail qui est le fil conducteur de l’enquête sur son assassinat : un matin, peu après l’ouverture de la chasse, l’entrepreneur avait eu un litige, verbalement violent, avec quelques chasseurs qui tiraient le gibier beaucoup trop près des écuries, rendant nerveux les chevaux. Des cartouches dangereuses pour les deux jeunes enfants qui jouaient non loin de là. Le premier incendie volontaire est allumé quelques jours plus tard… Deux autres suivront. Les auteurs ont escaladé une clôture proche du portail pour mettre le feu avec du carburant. Des actes de vandalisme qui lui causent un préjudice matériel et financier, l’obligeant à mettre en sommeil sa société pendant deux mois.
Ennemis
Depuis l’exécution de Frédéric Bezin, les enquêteurs exploitent discrètement la piste du différend avec ces chasseurs, d’autant qu’il a été tué avec un fusil de chasse, par un nemrod confirmé qui a visé la tête. Des investigations minutieuses, notamment des expertises techniques sont diligentées. Les gendarmes s’emploient à identifier les chasseurs présents à Gallician, lors du litige. Ils progressent chaque semaine. Mais, ils n’excluent pas le geste d’un concurrent, car, selon le témoignage de son père, Frédéric Bezin n’avait pas qu’un chasseur comme ennemi, mais également semble t-il des artisans gérant la vente du bois de clôtures et des propriétaires de ranchs, ne supportant pas son installation à Gallician, où il leur faisait de l’ombre. L’hypothèse d’une vengeance sentimentale et d’une jalousie familiale est écartée.
« Les gendarmes vont mettre le temps qu’il faut, mais, grâce aux indices qu’ils engrangent, aux multiples auditions, l’assassin sera identifié », assure avec certitude une source proche de l’enquête. Un assassin qui ne doit pas habiter bien loin de Gallician.